Parmi les activités d’entretien, j’ai remarqué que le repassage est celle que les gens aiment le moins, celle qu’on évite, préférant porter des vêtements froissés ou acheter des vêtements qui froissent peu ou pas plutôt que de se mettre à la tâche.
Je n’ai jamais compris pourquoi. Moi, j’adore repasser. J’adore voir cet amas informe s’organiser peu à peu en petits tas bien pliés, j’adore voir le tissus froissé et mal foutu devenir lisse et beau sous le poids et la chaleur du fer.
Les gens qui détestent le repassage me trouvent bizarre quand je dis que non seulement je repasse, mais en plus j’aime le faire. Dans ce cas, après un moment d’étonnement, genre « Mais je croyais que tu étais quelqu’un de cool, toi! », la réaction la plus commune est de me dire : « Oh, tu peux venir repasser chez moi alors! » : ben non, t’as rien compris, je ne vais pas faire le repassage pour quelqu’un qui considère cette noble tâche de mise en ordre du monde digne des dieux et déesses ancien.nes comme une corvée. La bonne réponse est : « Wow, comment ça se fait que tu aime faire ça, raconte! », mais je ne l’ai pas encore entendue.
Il y en a aussi qui me regardent avec un certain mépris, car pour eux.elles j’incarne la ménagère frustrée et coincée, qui n’a de plaisir que dans le ménage, la pauvre. Ou alors parce que j’incarne la petite bourgeoise qui est devenue maniaque de l’ordre et de la propreté pour soulager ses frustrations, surtout sexuelles bien évidemment. Car tout le monde le sait, la liberté, l’ouverture d’esprit et la qualité de sa vie sexuelle se mesurent au nombre de plis froissés sur les vêtements! Et si je prends le temps de repasser, c’est que je m’ennuie à mort dans ma vie, car, c’est clair, les plis froissés mesurent aussi une vie plus ou moins remplie et palpitante.
Alors qu’en fait le repassage est de la zénitude pure, de la méditation active, du repos pour l’esprit qui voit l’univers s’organiser sous ses yeux, selon la forme, la couleur, la fonction, ou simplement devenir un tas unique défiant au fur et à mesure qu’il grandit les lois de la physique gravitationnelle. Le tout dans une ambiance de vapeur et chaleur qui fait du bien au coeur et donne envie de chanter (oui oui je le fais!).
Je repasse simplement, comme ma grand-mère faisait, sur une nappe adaptée que je range dans un tiroir quand je ne l’utilise pas. Je n’aime pas la table à repasser, qui est franchement moche et encombrante, même pliée. Je la trouve en plus complètement inutile, on n’a pas besoin d’une table spécifique au repassage, celle de la salle à manger ou du bureau peuvent très bien faire l’affaire, avec la nappe. Et moins d’objets on possède, mieux c’est (vous le savez déjà, je suis minimaliste, pas hard-core, mais minimaliste https://mycurcumadays.com/2020/12/01/devenir-minimaliste/).
Souvenirs d’enfance…
Peut-être j’aime autant le repassage parce qu’il me replonge dans de chouettes souvenirs d’enfance.
Quand on était petites, souvent, moi et ma soeur on regardait la télé le soir chez nos grand-mères. A l’époque on habitait ensemble dans la grande maison familiale, et nous les enfants on pouvait passer de chez les parents à chez les grand-mères à notre aise, il suffisait de pousser une porte. Du coup, après le dîner, on laissait les parents seuls et on allait dans la cuisine des grand-mères, où l’une s’occupait du repassage, et l’autre de raccommoder chaussettes et autre vêtements. Surtout en hiver, l’ambiance était feutrée, chaude et chaleureuse. Je regardais fascinée le fer sillonner les vêtements, les transformer comme par magie, je regardais pleine d’admiration ma grand-mère plier les manches, surtout celles des chemises et des chemisiers. Elle repassait aussi les culottes et les chaussettes (moi non). Je ne suis jamais parvenue à plier les chemisiers de façon aussi impeccable qu’elle, il y a toujours une différence entre le côté droit et le coté gauche, les plis ne sont pas aussi parfait (mais bon je n’utilise pas d’amidon non plus alors qu’elle si). J’aimais beaucoup aussi la voir repasser les draps, ces énormes étendues de coton blanc, ces monts et vallées qu’elle aplatissait morceau pas morceau, en faisant sortir force vapeur du fer chaud, et on devait s’éloigner pour ne pas courir le risque d’être brûlées. Et au fur et à mesure des pliages, le drap rapetissait, jusqu’à devenir un parfait carré qu’on pouvait ranger très facilement dans le tiroir. J’aimais (et j’aime) l’odeur du fer, de la vapeur, de l’amidon, du tissus propre tout chaud. Encore aujourd’hui, je plonge mon visage dans les draps chauds et repassés pour aspirer cette odeur rassurante et protectrice.
Le repassage est un art que malgré les années je ne maîtrise toujours pas à la perfection (mais heureusement je ne suis pas perfectionniste!).
Repasser est une activité zen.
C’est méditatif, c’est une façon d’aller à l’essentiel : le besoin d’avoir un certain contrôle sur le monde qui nous entoure, même si c’est un détail. C’est la métaphore de mon attitude active envers le monde, mon monde, de ma volonté de l’organiser d’une façon qui me convient, qui me fait sentir bien, tout simplement 🙂
5 Commentaires
J’aime beaucoup cette note. On a tou.te.s des «petites madeleines ». La tienne est jolie (en plus qu’utile!). Si je ne t’avais pas lu, j’aurais sans doute fait partie des personnes qui te disent « ah bon? Tu repasses? » en n’en pensant pas moins… 🙂 (car bien sûr, je ne repasse pas! ). Bises. Marie (d’Ardèche hein!).
Merci Marie!Comme tu dis, c’est une petite madeleine qui en plus me détend… c’est cool de trouver une utilité plus mentale à une activité manuelle, et souvent les activités manuelles répétitives ont cet effet sur moi. Bises à toi!
Coucou Daniela,
Heureuse de constater que je ne suis pas la seule à prendre plaisir en repassant; activité que j’adore faire pour les raisons que tu évoques en écoutant une bonne émission à la radio ou un podcast sur un sujet qui m’intéresse! J’ai mis du temps à trouver une table à repasser qui me plaît en bois avec dessus en coton blanc cassé 😉 Elle se trouve dans une pièce que j’ai faite mienne et où se trouve également mon petit coin bureau. Je m’y sens bien. Dans le même ordre d’idée je me suis mise à apprendre à tricoter et les heures passées en compagnie de la laine sont délicieuses (la lanoline huile et hydrate les doigts et ça sent bon le mouton). Un ami me disait à ce propos » le tricot, c’est vraiment l’activité des gens qui se font chier », hahaha… j’essaie au contraire de dégager du temps pour tricoter car tricoter c’est aussi méditer, travailler sur le lien, la matière, le geste, la féminité…pas de contradiction non plus avec un féminisme assumé et apaisé de mon point de vue.Bises Daniela
Coucou Céline,
Je suis contente que tu aimes aussi ce genre d’activité, oui c’est vrai, ça s’apparente au tricot! C’est dingue les gens qui jugent ta vie à comment tu gère ton temps, ta journée… c’est probablement les mêmes qui se plaignent de ne pas avoir du temps pour soi, et critiquent celles.ceux qui font l’effort d’en chercher et trouver! J’ai remarqué que souvent les gens jugent négativement en miroir : c’est parce que tu fais ce qu’ils.elles aimeraient faire mais n’y arrivent pas qui te jugent… l’esprit humain est souvent tordu!Bises, bon repassage et bon tricot!
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