pipi debout
Empowerment!

Pipi debout!

Nous vivons dans un monde fait par des hommes pour des hommes. C’est un constat qui n’est pas récent mais qui malheureusement garde toute son actualité. En février, j’exposais mes photos avec le collectif dont je fais partie, et des copines étaient venues visiter l’expo. À 20h, nous fermons les locaux, et là, c’est la file aux toilettes avant de rentrer pour nous les filles. Nous étions en plein confinement, les bars et cafés étaient fermés. Du coup, si nous n’allions pas aux toilettes à ce moment-là, et que le besoin devenait pressant, on aurait été obligées de faire pipi derrière une voiture, ce qui n’est pas très prudent ni hygiénique. Car les femmes ne font pas pipi debout.

Nous avons donc eu cette discussion : pourquoi rien n’est fait pour que les filles puissent faire pipi de façon convenable dans l’espace public? Nous savons que, dans cette situation, les hommes ouvrent leur braguette et se soulagent debout. Par contre, nous sommes obligées de retrousser notre jupe ou baisser notre pantalon et s’accroupir en exposant nos partie intimes au froid, à la crasse et peut-être même aux regards indiscrets (je pense aux trous qu’on trouve dans les portes des toilettes pour filles dans les bars, ou dans les toilettes publiques en général).

Pourquoi?

L’espace public est aux femmes aussi!

Parce que tout dans l’espace public est pensé pour le confort des hommes, pas pour celui des femmes. Parce que les jeans et autres pantalons ont été conçus pour les hommes, la tirette étant placée à cet endroit précis pour qu’il soit facile de dégager le pénis sans devoir baisser son pantalon. Dans la même logique, les pantalons pour femmes devraient avoir la tirette placée plus à l’arrière, à l’entrejambe. Pourquoi on n’en trouve pas? Parce qu’ils seraient moches? Non, il suffirait que deux ou trois influenceuses en portent, et tout le monde les trouverait beaux. La vérité est  que personne ne pense à les fabriquer, personne n’en voit la nécessité, tout simplement

Vous savez qu’il existe ce qu’on appelle des « pisse-debout », des sortes d’entonnoirs en silicone ergonomiques qui permettent aux femmes de faire pipi debout de façon confortable et sans se salir? (https://www.pissedebout.fr/) Je l’ai essayé, c’est très pratique et utile d’un point de vue hygiénique, non seulement dehors, mais également dans certaines toilettes pas très propres… Il faut s’y habituer bien sûr, mais ce n’est pas si difficile. Pourquoi ça reste confidentiel? Pourquoi quand j’en parle on se moque de moi, ou on me regarde bizarrement? Parce qu’une femme qui fait pipi debout s’affranchit de toute une série de contraintes, ne s’expose pas, est libre de sortir de chez elle le temps qu’elle souhaite, en un mot, prend le contrôle de ses besoins physiques et de son intimité. Et ça, ça dérange!

Avec la fermeture des cafés et des magasins, beaucoup de femmes ont eu des difficultés à sortir pendant plusieurs heures pour cette raison, notamment des femmes plus âgées, pour qui avoir une toilette disponible est une nécessité. Elles ont préféré rester à la maison (je ne dis pas ça en l’air, j’en connais).

café fermé confinement

Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Je peux citer les portes des trams à Bruxelles, avec deux marches à franchir et trop étroites pour laisser passer une poussette légèrement plus large que le standard (et avec les jumeaux c’était juste impossible). Combien de fois j’ai été obligée de demander de l’aide pour attraper des produits sur les étagères des supermarchés? Pourquoi, alors qu’il suffit de les placer un peu plus bas? Ou les poignets que je n’ai jamais réussi à attraper, en haut, dans le bus? Ce sont des choses qui nous infantilisent, on perd l’équilibre, on n’est pas autonomes. L’espace public n’est pas accueillant de la même manière pour les femmes que pour les hommes. Cela nous met en condition de dépendance ou bien ça nous rappelle qu’en fait notre place est à la maison, pas dehors.

Les femmes n’ont qu’à s’adapter à vivre dans un monde fait par et pour les hommes. Et nous avons tellement l’habitude de nous adapter qu’on ne s’en rend même pas compte. Ce sont des petites choses anodines, et à mon avis c’est de là que le changement doit se développer. L’égalité dans l’espace public pour que tout le monde puisse s’en approprier, le vivre et le faire vivre.

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