Dans une des scènes culte de Matrix (1999), Morpheus propose à Neo le choix entre deux pilules, une rouge et une bleue : s’il prend la pilule rouge, il ne va plus jamais voir le monde comme avant, il sera plongé dans la réalité de la Matrice, s’il prend la pilule bleue, rien ne changera pour lui, et pourra continuer à faire des beaux rêves. Après hésitation, Neo choisit la pilule rouge et commence son combat, sans pouvoir revenir en arrière… Comme Neo, j’ai aussi avalé une pilule rouge qui a changé ma façon de voir les choses, notamment les rapports sociaux. C’est la pilule rouge du féminisme. Et je me suis réveillée.
J’ai longtemps vécu dans la Matrice de l’indifférence, en me disant que puisque je n’avais jamais vécu des agressions ou des injustices de la part des hommes, eh bien, ces problèmes ne me concernaient pas.
J’avais tort. En fait, j’avais juste bien intégré le système. Je me disais que je saurais me défendre, sans comprendre que je ne devrais pas avoir à me défendre.
J’ai compris que si j’ai eu la chance de ne rien subir, c’était de la chance, et que tout ça pourrait toujours m’arriver, simplement parce que je suis une femme.
Et ce n’est pas juste.
J’avais accepté la sexualisation à outrance du corps féminin, et donc du mien, pour laquelle il faut plaire, ce qui veut dire se plier à des standards esthétiques décidés entièrement par des hommes.
J’avais intégré ce qu’on appelle « la culture du viol », pour laquelle c’est notre faute si on subit des remarques à caractère sexuel, des attouchements dans le métro ou carrément des viols. On est culpabilisées en tant que victimes, alors que toute la faute et la responsabilité revient entièrement à l’homme qui a perpétrés ces actes, toujours. L’exposition « Tu étais habillée comment? » a ouvert les yeux de beaucoup de monde sur ce problème (https://www.huffingtonpost.fr/2017/09/18/tu-etais-habillee-comment-lexpo-qui-montre-que-viol-et-vetements-des-victimes-nont-rien-a-voir_a_23213327/). Dans cette expo, initiée au Etats-Unis et reproduite dans plusieurs pays du monde dont la Belgique, on voit exposés les habits portés le jour où ces femmes ont subi le viol. Et, surprise, il n’y a que des vêtements ordinaires, des blouses, de jeans, des robes d’été, même une robe de petite fille et un uniforme de policière. C’est très choquant, on voit clairement le mensonge dans lequel on nous enferme pour justifier les agressions à caractère sexuel au niveau de la société entière, à savoir qu’au fond, si on se fait violer, c’est qu’on l’a un peu cherché. Non, personne ne cherche à se faire violer. Le lien entre vêtement ou attitude et agression sexuelle n’existe pas. Toute la faute, toute la responsabilité est au violeur. Point. Ce ne sont pas les femmes qui doivent apprendre à éviter les comportements agressifs, ce sont les hommes qui doivent s’éduquer à ne pas agresser les femmes.
J’avais aussi intégré l’idée qu’un compliment, même déplacé, reste un compliment et il faut en être contente. À ce propos, j’ai récemment participé à une discussion sur Facebook où une photographe se plaignait des commentaires déplacés sur ses autoportraits, car les remarques masculines concernaient ses formes, sa sexytude, et pas la qualité de la photo ou l’intention de l’artiste. Il y a eu certaines réactions assez virulentes, de totale incompréhensions. Car un compliment venant d’un homme doit toujours faire plaisir, quel qu’il soit. Et si on ose dire que non, que c’est juste lourd, que ce n’est pas le bon contexte, on se transforme directement en mégères mal baisées, en pauvre femme coincée. J’ai eu une expérience similaire sur ce même réseau social, c’est très désagréable de devoir expliquer la base du respect à quelqu’un qui se croit respectueux parce qu’il ne m’a pas insultée.
J’avais intégré le fait qu’un homme m’interrompe pendant que je parle alors que moi j’attendais qu’il ait fini pour intervenir. Je ne disais rien pendant qu’il m’expliquait ma vie, ou comment faire des choses que je sais faire mieux que lui, qu’il me disait ce qui était bien pour moi, même souvent sans bien me connaître, car c’est connu, les femmes ont besoin qu’on s’occupe d’elles, ne savent pas se débrouiller seules.
J’avais intégré qu’ils avaient le droit de se vexer si je disais non.
Qu’ils avaient le droit d’insister (un excellent article à ce propos : http://www.slate.fr/story/177105/hommes-femmes-culture-insistance-non-seduction-sexualite)
Qu’ils avaient le droit de faire des remarques sur mon physique, mon âge, mon apparence.
Que dans les transports publics ils avaient le droit d’étirer leurs jambes en envahissant mon espace.
Qu’ils avaient le droit de me draguer, juste pour s’amuser, eux.
Qu’ils avaient des droits tout court, en tant qu’hommes.
L’air de rien, ce sont tous des comportements qui me mettaient « à ma place » en tant que femme. Et ce n’est pas personnel, car comme moi j’ai intégré mon infériorité sans m’en rendre compte, de la même manière ils ont intégré leur supériorité.
Je sais que tous les hommes ne sont pas comme ça. Mais tous profitent d’un système injuste, c’est en cela qu’ils sont tous concernés.
C’est rare qu’un homme se dise : « Si je mets ce short je risque d’avoir des remarques déplacées en rue », ou « Je ne vais peut-être pas avoir cette promotion puisque je suis un homme », ou « On hésite à m’engager car je suis en âge d’avoir des enfants », ou « Si je mets cette photo sur Instagram je vais me faire traiter de pute et attirer tous les haters de la planète », ou « On ne me demandera jamais ce que j’en pense, on va pas m’écouter, normal, je suis un homme », etc.etc.
Je ne me rendais pas compte de la violence de ces propos, de ces micro-agressions qui font qu’on se sent moins capables, moins aptes, moins légitimes.
Mais maintenant j’ai pris la pilule rouge, et je me rends compte de tout ça. Et j’ai vraiment changé mon regard sur ce type de rapports sociaux. Plus rien de tout ça ne passe inaperçu, plus rien n’est accepté. Je ne suis pas là pour plaire ou complaire, d’aucune manière que ce soit. Je suis là pour faire ma vie, comme tout le monde. Et pour que tout le monde puisse la faire tranquillement, il faut que ça change.
Il faut que les hommes aussi prennent la pilule rouge. Surtout les hommes, à tous les niveaux.
Car c’est d’eux que doit venir le changement.
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